Parler de sexe avec ses enfants, c’est difficile pour la majorité des parents.

Alors que faire vis-à-vis de la pornographie ?

À 12 ans, un enfant sur trois a déjà été exposé à des images pornographiques (sondage OpinionWay datant de 2018). Une autre étude, réalisée en 2020 par le même institut pour la région Ile-de-France, établissait à 10 ans l’âge moyen de la première exposition à des images pornos.

Dont acte.

Erika Lust est réalisatrice et productrice de films X éthiques et féministes. Je préfère parler de films érotiques pour éviter la confusion avec le porno « main stream » (MS).

Elle a lancé, en 2017, The Porn Conversation, un site Internet proposant des outils pédagogiques pour aborder les questions de sexualité et le rapport à la pornographie avec nos enfants. La version française existe depuis peu. Vous la trouverez en cliquant sur ce lien : https://tpc-french-landing-2023.webflow.io/

« Avant, le porno était réservé aux adultes. Aujourd’hui, avec la multiplication des écrans, les enfants tombent sur ces contenus, il faut donc en parler avec eux », estime la cinéaste suédoise (qui mérite bien l’adjectif « éthique » par lequel on qualifie son œuvre).

Les films d’Erika Lust sont en effet très éloignés de ce que propose la majorité du porno gratuit en ligne, où 88 % des images sont violentes, révélait un rapport du Sénat français en 2022 : promotion du viol, de l’inceste, du racisme, objectivation des femmes, sexualisation des mineurs, banalisation de la violence… « Les messages nuisibles véhiculés par le porno main stream ont un impact sur l’imaginaire des enfants, sur leur représentation du monde et leurs pratiques sexuelles futures », avertit la réalisatrice, qui plaide pour une éducation à la « culture pornographique » à l’école, similaire à ce qui existe pour l’éducation aux médias.

Thérèse Hargot est sexologue, et intervient auprès des parents depuis plusieurs années dans les établissements scolaires.

« L’enfant reste seul face à ces images, avec le risque de reproduire ces gestes. S’il n’y a pas de conversation autour de cela, c’est un désastre. Or, beaucoup de parents n’osent pas le faire », affirme la thérapeute, qui invite les adultes à sortir du déni. « On s’est longtemps limité à dire aux enfants : “Ton corps t’appartient”. L’effet pervers, c’est que l’on délègue à l’enfant sa propre protection. Pour le porno, c’est pareil. Entamer la discussion est pénible, mais c’est notre job. »

Thérèse Hargot précise que, s’agissant du porno, regarder, c’est faire : « Regarder du porno modifie le cerveau chez les plus jeunes. »

Docteur Kpote constate, dans la plupart des classes dans lesquelles il intervient, que l’influence du porno est évidente dans les pratiques que ces jeunes décrivent (fellation obligatoire, claque sur les fesses, tirage de cheveux et autres).

La Fédération nationale des collèges de gynécologie français alertait, en 2019, sur le fait que l’influence du porno engendre un désintérêt pour le sexe chez les jeunes filles et des troubles érectiles chez les garçons.

Selon une enquête réalisée en février 2022 par l’IFOP, 43% des 15-24 ans interrogés n’avaient eu aucune relation sexuelle en 2021. Porno partout, désir nulle part. Une raison de plus, pour les adultes, de remettre un peu d’émotion et d’amour là-dedans. En en parlant.

Sexponentielle propose aux parents des sessions pour aborder ce sujet.